Retour sur le Festival Livres & Musiques de Deauville
Samedi dernier, 16 avril, a été remis,dans le cadre du Festival Livres & Musiques, le prix littéraire de la Ville de Deauville. Ce prix a couronné le roman de Virginie Despentes, « Vernon Subutex ».
Étant membre du jury, j’ai ressenti une grande fierté à voir le prix de Deauville récompenser le talent incontestable de cette grande romancière. Je ne connaissais jusque là Virginie Despentes que par ses livres. Elle m’avait témoigné de sa sympathie lorsque je suis entrée, comme elle avant moi, dans le petit cercle des ‘femmes Renaudot’. À Deauville, j’ai découvert une femme aussi élégante que modeste et notre échange, à ce qu’il m’a semblé, n’eut rien de futile et de convenu.
Lorsque Jérôme Garcin, qui officiait en tant que maître de cérémonies, lui donna la parole, elle eut cette réponse touchante et directe: « Je remercie le jury… mon livre est en musique, je suis donc ici chez moi… Il y a des choses que je sais faire: je sais écrire, mais je ne sais pas faire de discours. »
C’est un souvenir ému que je garderai de cette rencontre.
Parmi les 8 autres auteurs sélectionnés, le livre de Philippe Broussard Vivre cent jours en un qui relate la dernière tournée en Europe, en 1958, de Billie Holiday m’a beaucoup touché . Et pour rendre hommage à la figure pathétique de la grande chanteuse, au bout de l’alcool, au bout de la drogue, je me suis permis de citer quelques paroles de la célèbre chanson Strange Fruit qui évoquent de façon si poignante les victimes du Ku Klux Klan:
Les arbres du Sud portent un étrange fruit
Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,
Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud,
Etrange fruit suspendu aux peupliers.