La Croix .com : Renaudot surprise à Scholastique Mukasonga

Renaudot surprise à Scholastique Mukasonga

Le prix Renaudot a couronné mercredi 7 novembre
«Notre-Dame du Nil»,  de l’écrivain rwandaise.

Scholastique Mukasonga à St-Malo

La Rwandaise Scholastique Mukasonga est déjà l’auteur de quatre livres. Son premier roman, Notre-Dame du Nil,couronné mercredi 7 novembre, fut précédé de trois récits autobiographiques.

Dans le premier, Inyenzi ou les cafard s (Continents Noirs Gallimard, 2006), Scholastique Mukasonga racontait son enfance à Nyamata où sa famille a été déportée en 1960 et massacrée pendant le génocide de 1994, alors qu’elle vivait déjà en France. « Ce livre, je l’ai écrit pour tous ceux qui ont été exterminés et dont je suis la seule à conserver la mémoire. J’ai élevé pour eux ce tombeau de papier », a-t-elle expliqué.
Née en 1956 au Rwanda, elle est profondément marquée par la mise en place de la dictature Hutue dans les années soixante. Elle obtient en 1968 son examen national avant de devenir assistante sociale, profession quelle exerce toujours en Normandie.

HUMOUR ET PROFONDEUR LITTÉRAIRE

Notre-Dame du Nil, déjà couronné par le prix Ahmadou Kourouma, figurait dans la liste de printemps du prix Renaudot, mais dans aucune des sélections de rentrée. C’est à la faveur d’un « blocage », Philippe Djian et Vassilis Alexakis étant encore ex aequo après dix tours de scrutins, que le roman a fait l’unanimité,;soutenu de longue date par trois des jurés, dont J.-M.G Le Clézio.

« Il est rare sur des sujets aussi tragiques de lire une écriture aussi subtile,confie l’un d’eux, Patrick Besson. Scholastique Mukasonga est un écrivain très fin et profond, qui n’écrit pas seulement sur le génocide, mais aussi sur les sentiments, les paysages, avec une grande poésie. »

Également parmi ses soutiens, Jérôme Garcin suit le travail de l’auteur depuis 2006 : « Elle est une femme exemplaire de par sa vie et son parcours, et je considère qu’elle est un écrivain d’avenir. » Pays fortement catholique, le Rwanda appliquait au début des années 1970 dans ses pensionnats de jeunes filles un quota ethnique limitant à 10% les élèves tutsies.

Scholastique Mukasonga décrit dans le cadre romanesque de cette école perchée à 2 500 mètres d’altitude les débuts de l’exclusion, combinant humour et profondeur littéraire.

Sabine Audrerie