LE SOIR – Pierre Maury – 5 mars 2010
Nouvelles rwandaises
PIERRE MAURY
vendredi 05 mars 2010, 10:02
Pour la troisième fois, Scholastique Mukasonga, qui vit en France, revient en cinq nouvelles sur les années rwandaises qu’elle porte en elle et prolonge, cette fois, dans les derniers textes, au-delà de son départ.
C’est au Burundi que « Le malheur d’être belle » frappe définitivement Helena. « Pas de plus grand malheur que d’être belle au Rwanda quand on était tutsi. » La jeune fille désirable et enviée a été embarquée dans une spirale infernale dont la fin ne pouvait être que tragique. Son destin s’écrit à rebours de ce qu’elle aurait pu espérer, dans d’autres circonstances.
C’est de retour au Rwanda, après le génocide, que la narratrice de la dernière nouvelle, « Le deuil », cherche les traces des siens dont elle sait qu’ils sont morts. Leurs noms se trouvent sur la feuille quadrillée qui lui a été envoyée. Mais, pour ne pas devenir folle à côtoyer de manière obsessionnelle d’autres deuils, elle a besoin d’aller vers ses morts qui l’attendent dans les collines…
Les trois autres nouvelles parlent d’« avant », d’un temps menaçant qui annonçait le pire. La faim des déportés tutsis – « L’iguifou » en kinyarwanda, titre du livre. « La gloire des vaches » célèbre les animaux autour desquels s’organisait la vie, et dont il ne reste que les fantômes. « La peur » naît chez les enfants face à l’attitude des adultes qui prévoient l’imminence du danger.
Et l’ensemble est porté par une absolue nécessité.
http://www.lesoir.be/culture/livres/2010-03-05/nouvelles-rwandaises-757008.shtml