La Dernière Heure – Laurence Dumonceau – 23 mai 2011

Gardienne de la mémoire et récompensée

(23/05/2011)

 

L’écrivain Scholastique Mukasonga a reçu le 20e prix Renaissance de la nouvelle pour un recueil consacré au génocide rwandais.

OTTIGNIES-LLN “Aller au-delà de la souffrance, faire le deuil des siens en étant leur mémoire, en leur offrant un tombeau de papier et reconstruire un Rwanda où tout le monde vit ensemble, dans une volonté de réconciliation.”

Voilà plusieurs des raisons qui ont poussé Scholastique Mukasonga à devenir écrivain. Après deux romans, elle signe le recueil de nouvelles L’Iguifou évoquant le génocide au Rwanda mêlant à la fois ses souvenirs et la fiction. Un recueil de nouvelles récompensé, samedi soir, par le 20e prix Renaissance de la nouvelle.

“Je suis très heureuse et, en même temps, dans une autre dimension “, a indiqué l’auteur. “En 1973, j’étais élève assistante sociale à Butare. Il y a eu le génocide en 1994 et de nombreux membres de ma famille ont été tués. Il y a 10 ans, je suis revenue au Rwanda et la brousse avait tout envahi… C’est là que j’ai compris que je devais témoigner.”

Son premier roman, Inyenzi ou les cafards , est autobiographique. Tandis que le second, La Femme aux pieds nus, se voulait un hommage à sa mère, aux mères-courage et aux femmes d’Afrique. Quant à son recueil de nouvelles, il lui a permis de s’ouvrir à la fiction et de se rapprocher des contes que lisait sa mère. “Je suis en train de finaliser l’écriture d’un roman mais je ne renonce pas à la nouvelle” , a précisé Scholastique Mukasonga.

“Votre recueil honore notre prix, par le thème traité : le génocide rwandais, et par l’écriture : sobre, élégante, distanciée”, a indiqué Michel Lambert, écrivain ottintois à l’origine du prix avec Carlo Masoni. “Durant ce voyage de 20 ans, le genre de la nouvelle est devenu très protéiforme. Votre recueil participe de ce renouveau. Parmi les recueils primés, tous ont un point commun, ils travaillent autour de l’intime. Le vôtre évoque l’intime à travers le collectif. C’était un défi difficile et vous l’avez assumé avec un talent extraordinaire.”

Laurence Dumonceau